A moresca di Moita

La présence du More dans la mémoire collective: les armoiries de la Corse.

(étendard trouvé sur le champ de la bataille de Ponte-Novu, le 8 mai 1768. )

( document du Musée de la Corse)

La moresque est une danse guerrière, dont on trouve trace en Corse, en Catalogne, en Italie. Elle évoque les combats menés contre les pirates barbaresques dont les incursions brèves et sanglantes, étaient redoutées. Dans l'île, les tours de guet gênoises dressées tout au long du littoral rappellent aujourd'hui encore cette crainte. La présence du More hante la mémoire collective; on en trouve témoignage dans les armoiries de la Corse à tête de Maure. La toponymie rappelle également cette présence barbaresque. A l'entrée du territoire de la commune de Moita, au col de San Gavinu (a bocca di San Gavinu) se dresse un amas de rochers: I Saracini, les Sarrazins, évocation sans doute d'une bataille dont l'histoire a perdu la mémoire
 

 

Une grande exposition sur les différents aspects de la Mauresque a été organisée par le Musée de la Corse à Corté, en 1999. Elle a donné naissance à un magnifique ouvrage, encore disponible au musée, et qui parcourt l'histoire de cette danse aux figures, parfois, de théâtre oriental. Ces notes s'inspirent pour partie de cet ouvrage.

 

La Moresca était une danse, et comme toute danse, elle comportait des figures, un rythme, une harmonie. Ces figures, ce rythme, cette harmonie, changaient d'une localité à l'autre. A moresca di Moita avait ses figures et son rythme particulier. Il en reste une musique, et quelques photos où des danseurs esquissent les derniers pas de la danse aujourd'hui perdue.

 

La musique de la "Moresca di Moita" (coll.part)

En 1783, l'abbé Gaudin assistant à Vescovato, village de la Haute-Corse à quelque trente kilomètres de Bastia, à une représentation d'une Moresca, est frappé de voir la population toute entière participer à cette représentation, chacun, riche propriétaire, berger, femme, enfant, connaissant le rôle qu'il a à jouer, et tout se déroulant dans une harmonie qui sidère Gaudin. On peut imaginer qu'il en était de même à Moita.

Les visiteurs de ce site, laissant sa place à l'imaginaire, retrouveront-ils des figures de la danse oubliée dans les quelques modestes documents photographiques que nous leur proposons? C'est ce que nous leur souhaitons. Sans doute certains évoqueront-ils, comme cela a été fait, le combat de Tancredi et Clorinda dans la La Gerusalemme liberata du Tasse. La frontière qui entend séparer culture populaire et culture savante leur paraîtra alors bien ténue.

 

 On recueille des indications... aujourd'hui pour une grande part perdues.

 

Monsieur Filippi mime un assaut, figure de la danse.

Monsieur Filippi Philippe, assis de face, montre à un danseur du groupe Cantu di Cirnu une des figures de la Moresca. Ils vont l'exécuter. Pointez la photo pour être le témoin furtif de ce qui sera, sur la place du Capasantu à Moita, en 1954, une des dernières représentations de la Moresca. Renaîtra-t-elle un jour?